D’Incise dérive d’Internet au disque L’électronicien genevois dépeint la réalité avec mélancolie. Rencontre. SABRINA BERREGHIS Publié le 26 avril 2005 «Je suis l'inconnue mutante d'une équation sans queue ni tête», écrit D'Incise, musicien électronique genevois, sur la pochette de son premier CD Les dérives. «Autour d'une réalité incertaine, sur les débris de notre humanité… Je dérive.» Sur un tempo envoûtant, l'oreille de l'auditeur hypnotisée se laisse à son tour dériver. La musique est d'une douceur poignante qui vient chercher quelque chose, quelque part, tout au fond. Encore cotonneux du voyage, on avance doucement la main vers la pochette de carton brun. Alors que l'on appuie sur la touche repeat, le titre du morceau nous sort de notre rêverie: Mémoire instable d'un génocide. «Ma musique est toujours en réaction, indissociable de la réalité sociale. Après, je peux avoir envie de m'apaiser, de prendre les choses du côté de la mélancolie», réfléchit tout haut le musicien. D'Incise vient également de sortir Détour, collection de morceaux téléchargeables gratuitement, sur www.alpinechic.net, label zurichois logé sur Internet. «Quand un artiste peu connu fait un disque, il peut tout juste espérer rentrer dans ses frais. C'est plus simple de donner sa musique. Sur Alpine Chic, les droits d'auteur sont protégés. Et puis cela assure une visibilité.» Se reconnaissant une influence certaine de Steve Reich, représentant le plus célèbre du minimalisme américain, D'Incise mélange les styles. Membre du collectif Audioactivity avec lequel il est parti un mois en Pologne l'an dernier, il touche également au free jazz avec le groupe D'incise-d'où-Inductions et produit du dub en compagnie du dénommé Mr. Connard avec La Tangente.